Intérêt de la création d’un Observatoire Sénégalais sur les Migrations

Au Sénégal, l’émigration est l’une des composantes essentielles des changements sociaux qui sont intervenus au cours des dernières années. Si du point de vue strictement démographique, les données disponibles sont rares et fragiles, les répercussions sont par contre importantes du point de vue social, tant au niveau d’accueil qu’à celui de la population étrangère elle-même. Le taux de croissance aussi bien des émigrés que des immigrés a augmenté, parallèlement un élément nouveau peut être observé : la féminisation progressive de l’émigration et de l’immigration. Cette situation est quasi similaire dans plusieurs Etats à tel enseigne qu’au 21e siècle, il est très probable que les migrations seront un des enjeux.

Ainsi, il est devenu plus qu’opportun pour le Sénégal de repenser les déplacements de ses populations et de celles qui viennent s’y installer afin de permettre, aussi bien, aux émigrants qu’aux immigrants de vivre convenablement et d’être reconnus pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire des êtres humains dont le courage, les efforts et les capacités d’adaptation en font des acteurs essentiels d’une mondialisation plus équitable, cohérente et pleinement réussie.

Qu´est-ce que l’Observatoire Sénégalais des Migration ? 
Dans cette dynamique, il est devenu une forte volonté politique et une exigence scientifique de créer un Observatoire Sénégalais des Migrations pour améliorer la gestion des flux migratoires légaux, lutter contre les migrations clandestines, les trafics d’êtres humains, défendre la dignité de chaque migrant, réfugié ou demandeur d’asile ; etc.

Objectifs et structure
L’Observatoire Sénégalais des Migrations à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis va :

  • Contribuer aux missions des institutions de la Républiques (Ministère de l’Intérieur et des Collectivités Locales, Ministère de la Justice, Ministère de la Jeunesse et de l’Emploi, Ministère de l’Economie et des Finances, etc.) et à celles des différentes structures affiliées à ces institutions pour encourager l’amélioration et l’harmonisation des différentes législations qui les régissent.
  • Être en étroite coopération avec l’Organisation internationale pour les Migrations, et de bien d’autres structures : l’Union européenne, l’UNESCO, le FNUAP, les ONG, les Ambassades, etc. Cette coopération va d’une part accorder une attention toute particulière à la collecte, au traitement, à l’amélioration et à la diffusion des informations sur les migrations et d’autre part développer le processus de consultations politiques entre les pays de destination des populations sénégalaises et les pays d’origine des populations installées ou en transit au Sénégal.
  • Créer sur le plan local et international respectivement en collaboration d’une part avec les Conseils régionaux, les universités, les Agences Régionales de Développement, etc., et d’autre part avec les Ambassades, les Consuls, les Associations de ressortissants, etc., une chaîne de contacts pour l’amélioration des informations sur les émigrés Sénégalais. Ce réseau peut être étendu aux différentes destinations des zones de transit, de départ et d’arrivée des populations sénégalaises et aux différents Etats où sont originaires les immigrants installés au Sénégal.

Ce réseautage entre différentes institutions est un atout pour une meilleure connaissance des Sénégalais à l’étranger, de la population étrangère résidente au Sénégal, des formes, figures et flux d’immigration et d’émigration, des itinéraires migratoires, des migrations irrégulières ou clandestines, etc. Il va également permettre de comprendre :

  • les évolutions des tendances migratoires ;
  • le contrôle et la gestion des politiques migratoires ;
  • la relation entre migrations internationales et les formes de trafics (produits illicites, êtres humains, cybercriminalité, etc.).

Par la même occasion, ce réseautage va permettre de se pencher sur les enjeux comme :

    • le contrôle frontalier ;
    • la prévention des migrations irrégulières ou clandestines ;
    • la diversité de l’origine des immigrants installés ou en transit au Sénégal ;
    • la permanence et l’intensité des échanges transfrontaliers ;
    • le rôle de transit voire de tremplin du Sénégal et plus particulièrement des régions transfrontalières (Dakar, Saint-Louis, Tambacounda, Kaolack et Casamance) pour l’émigration de la sous région et internationale.

Qu’est-ce que l’Observatoire offre ?
Dans sa composition, l’Observatoire Sénégalais des Migrations va rassembler des sociologues et des anthropologues de terrain, des économistes, des juristes, des psychologues, des psychosociologues, des personnels de la santé, universitaires ou spécialistes cliniques ainsi que des géographes, des historiens, des démographes, des techniciens en informatique et en statistique. Cette collaboration d’acteurs d’horizons divers va faciliter de faire un état des lieux des associations régionales ou villageoises, ethniques, confrériques ou religieuses, etc. issues de l’émigration des Sénégalais et de l’immigration des populations étrangères installées au Sénégal.

Ainsi, il importe de les recenser et de réaliser une base de données. Les différentes réalisations de l’Observatoire Sénégalais des Migrations vont porter sur des :

    • Formations, Animations et Sensibilisations ;
    • Séminaires, Ateliers de restitutions ou de témoignages (migrants, candidats à la migration, rapatriés, parents de migrants et de candidats à la migration, chercheurs spécialisés sur les migrations, etc.).

Mais au préalable, l’Observatoire Sénégalais des Migrations va :

    • Réaliser des recherches ;
    • Analyser et interpréter des données démographiques et socioéconomiques ;
    • Maintenir un centre de documentation spécialisé ;
    • Élaborer et diffuser des rapports ;
    • Etablir un partenariat avec les dispositifs nationaux et internationaux qui interviennent dans le domaine de l’émigration et de l’immigration.

Parallèlement à ces activités, les GERM & Faits de Sociétés va porter une attention particulière à :

    • Former des étudiants susceptibles d’entreprendre des travaux de recherche, principalement des thèses de Lettres et Sciences humaines, de Droit et Sciences politiques, de Science économiques et de Gestion sur les questions des migrations internationales qu’elles soient régulières ou irrégulières ;
    • Amener les étudiants soit aux carrières universitaires de l’enseignement et/ou de la recherche, soit à des fonctions de recherche ou de conseil au sein des organismes privés et publics confrontés aux réalités et aux politiques de la migration ;
    • Former des étudiants à une connaissance approfondie des phénomènes migratoires ;
    • Encadrer des personnes ressources susceptibles d’occuper des emplois au sein d’institutions privées et publiques liées à la migration ;
    • Proposer des outils nécessaires aux métiers de l’expertise dans le domaine de la migration ;
    • Promouvoir des recherches pluridisciplinaires entre spécialistes, enseignants et étudiants.