Sénégal : Migrations et droits humains

Sources : http://fr.allafrica.com/stories/printable/200812291150.html 

29 Décembre 2008

Dr. Aly Tandian


Célébrer la Journée internationale des migrations mérite une attention particulière car, certains points sont encore peu interrogés ou non évoqués. A présent, lorsqu’il est question de parler des migrations, les regards tournent plutôt vers les transferts de fonds et de biens ou tout récemment la question des cayucos sénégalais qui accostaient aux terres espagnoles. Au niveau de notre équipe de recherche, le Groupe d’Eudes et de Recherches sur les Migrations et Faits de Sociétés, nous avons estimé utile pour cette année de célébrer cette journée avec comme sujet de réflexion la question des droits humains qui, faut-il le dire, est fondamentale pour appréhender les migrations actuelles qu’elles soient celles d’ici, de là-bas ou d’ailleurs. Seulement, avec précaution, il faut comprendre que pour parler de la question des droits humains plusieurs éléments aussi importants les uns des autres sont à évoquer. Il y a la question de liberté de circulation et de sécurisation territoriale, la question de la mobilité souvent entravée avec la mise en place de fichiers numériques et de visa uniforme, la question de l’asile et des réfugiés avec quelquefois des procédures longues ou sommaires dans le traitement des demandes.
Nous pouvons aussi évoquer la question du respect du droit dans l’activité des populations migrantes et dans leur vie de tous les jours, la question des excès du tout sécuritaire avec les camps de rétention et les procédures d’éloignement. Nous avons choisi de parler de la question des droits humains cette année car, pour le dire rapidement c’est une opportunité qui nous permet de nous orienter vers d’autres problématiques migratoires telles que les trajectoires sociales, les territoires circulatoires, les études de genre, les E-migrations, la question du vieillissement des populations étrangères, le transnationnalisme, la question des diasporas, etc., bref autant de questions qui devraient interpeller à la fois les pays du Sud tout comme ceux du Nord malheureusement les choses traînent parfois. Des organismes ont compris cela et des efforts sont, présentement, mobilisés pour soutenir la recherche et les structures qui s’intéressent à ces problématiques évoquées et à la question des droits humains en matière des migrations.
A cet effet, le Groupe d’études et de recherches sur les migrations et les faits de sociétés avec le soutien du Centre de recherches pour le développement international (Crdi) est en train de réaliser une recherche qui porte sur la protection sociale des migrantes sénégalaises évoluant dans les activités agricoles et les services particuliers en Espagne. Une recherche menée dans le contexte général des législations nationales et internationales existantes, en relation avec les droits des femmes et des femmes migrantes en particulier. Pour rappel, le besoin d’assurer les droits et la protection des migrants a été reconnu et sanctionné dans plusieurs conventions des Nations unies et de ses agences spécialisées ainsi que dans les dispositions nationales et à l’échelle africaine. Les différents instruments tels que la Déclaration universelle des droits de l’homme de 48, le Pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels qui garantissent le droit à la protection sociale, la convention internationale de 1990 sur la protection des droits de tous les migrants et de leurs familles, la Convention sur l’élimination des discriminations à l’endroit des femmes (Cedef) de 1979, le Protocole additionnel à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, relatifs aux droits des femmes en Afrique, de 2003, etc., sont des cadres légaux pour la protection des droits des migrants.